De nos jours, il est primordial pour un recruteur de bien cerner ses potentiel candidats. En connaissant les principaux critères qui définissent les personnes en recherche d’emploi (leur comportement, les différentes valeurs incarnées, ce qu’elles recherchent, ce qui a tendance à leur plaire et ce qui pourrait les indisposer), le recruteur est en mesure de mieux déterminer le message véhiculé par sa marque employeur et de mettre en œuvre une stratégie de ciblage appropriée. Dans la même optique, Talent.com s’est penché sur un des sujets les plus brûlants du secteur : la transparence salariale.
En collaboration avec la société de sondage en ligne YouGov, nous avons sondé au dernier trimestre 2022, 1 010 personnes représentatives de la population active en France afin de connaître leur opinion sur plusieurs thèmes liés au salaire. Que pensent les Français de la transparence salariale et de ce ses potentiels impacts ? Accepteraient-ils que leur propre salaire soit dévoilé à leur famille, amis, collègues ? Découvrez leurs réponses ici.
Tout d’abord, examinons quelques chiffres-clés du salaire et de l’emploi en France.
En comparaison avec la moyenne européenne, le salaire minimal brut en France se situe dans l’échelon supérieur. Effectivement, avec 11,07 €/heure (soit 1 603 €/mois) la France se classe au sixième rang du classement des pays offrant les salaires minimaux les plus élevés en Europe, derrière le Luxembourg, la Belgique, l’Irlande, les Pays-Bas et l’Allemagne.
Selon les chiffres les plus récents émis par l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), le salaire moyen en France est de 2 340 euros nets par mois, soit 39 300 euros brut par an.
Toujours selon la même source, malgré une progression régulière du taux d’activité des femmes lors des dernières décennies, le salaire des femmes en France demeure en moyenne 16,8 % inférieur à celui des hommes. Ce phénomène peut être en partie expliqué par le fait que les femmes sont plus nombreuses que les hommes à interrompre leur activité professionnelle ou à réduire leur temps de travail. De plus, les femmes ont moins souvent accès aux postes les mieux payés et travaillent dans des entreprises et secteurs d’activité moins rémunérateurs. La part des femmes parmi les cadres, quant à elle, a doublé en 40 ans !
Le taux de démission en France au premier trimestre 2022 était de 2,7 %, atteignant le pourcentage le plus haut depuis la crise financière de 2008.
La « grande démission » fut l’un des thèmes les plus récurrents dans le secteur du recrutement l'année dernière. Certes, ce phénomène de départs massifs des travailleurs a fait couler beaucoup d’encre en France et ailleurs, mais qu’en-est-il réellement ? Selon une récente étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, la hausse du taux de démission n'est pas associée à un nombre inhabituel de retraits du marché du travail, mais bien à la reprise naturelle du marché du travail suite à la crise de la Covid-19. Lorsque que le taux de chômage baisse, les salariés sont plus enclins à quitter leur emploi pour en trouver un autre.
Comme on le voit ci-dessus, près d’un quart des personnes sondées envisagent de quitter leur emploi actuel, la plupart d’entre eux citent la recherche d’un salaire plus élevé comme étant la raison principale de leur potentiel départ.
La longévité au poste, la recherche de meilleurs avantages ou encore des différends avec la direction figurent parmi les autres raisons pouvant mener les employés à bientôt démissionner.
De nombreux Français considèrent que leur rémunération n’est pas proportionnelle au travail qu’ils fournissent. En effet, plus de la moitié des personnes qui ont été interrogées ont exprimé une insatisfaction salariale.
En se basant sur plusieurs facteurs tels que l’ancienneté, les compétences, l‘expertise et les efforts qu’ils déploient, plus de 54 % des répondants estiment qu’ils sont actuellement sous-payés. De surcroît, 26 % sont d’avis que leur salaire est inférieur à la moyenne du marché.
À partir de notre vaste base de données salariales, nous avons mis en place un outil permettant de rechercher les salaires moyens de toutes sortes d’emplois, permettant ainsi aux utilisateurs de déterminer où ils se situent par rapport à la moyenne du marché.
Selon l’INSEE, en novembre 2022, les prix à la consommation ont augmenté de 6,2 % sur un an. Une augmentation égale des salaires serait nécessaire afin d’éviter une baisse de la qualité du niveau de vie. Toutefois, seulement 9 % des personnes ayant répondu au sondage recevront une augmentation de salaire de plus de 5 %.
Certains employeurs ont décidé, notamment pour aider leurs employés à faire front à l’inflation, de leur verser une prime afin d'augmenter leur pouvoir d’achat. Toutefois, seulement 8 % ont répondu qu’ils allaient recevoir une telle prime cette année ; la majorité ayant répondu par la négative et plus d’un quart n’en étant pas certain.
De plus, 66 % seraient plus enclins à rester auprès de leur employeur actuel s’ils obtenaient un salaire plus élevé ou une prime. Toutefois, le salaire n’est pas la seule source de motivation de la population active.
En effet, 44 % des répondants seraient prêts à diminuer leurs prétentions salariales pour un emploi offrant d’autres avantages, tels que la flexibilité, les avantages sociaux, un emplacement plus proche de leur domicile, de nouvelles missions, les valeurs de l’entreprise ou encore le bien-être au travail.
La transparence salariale semble plaire à la majorité. Une tendance illustrée par le fait que la majorité se dit à l’aise avec la communication de leur propre rémunération à leurs collègues.
Il est intéressant de noter que les Français semblent plus à l’aise avec les discussions salariales que leurs compatriotes états-uniens ou britanniques. En effet, selon nos études effectuées à l’international, 44 % et 48 % des personnes sondées respectivement aux États-Unis et en Grande-Bretagne se disent à l’aise de discuter salaire avec leurs collègues. Toutefois, ce nombre grimpe à 52% en France. Le pourcentage des personnes à l’aise à parler de salaire avec leur famille et leurs amis est également un peu plus élevé en France. En effet, 15% se disent mal à l’aise à mentionner leur salaire, ne serait-ce qu’avec leur famille.
Comme mentionné précédemment, les femmes demeurent désavantagées sur le plan de l'avancement professionnel, avec un écart de rémunération de plus de 16 % entre les sexes.
D'après les résultats du sondage, la transparence des salaires pourrait aider à réduire les inégalités salariales. En effet, 40 % pensent que la transparence salariale pourrait limiter les écarts inexplicables et pousser les employeurs à être plus justes. De plus, 30 % jugent que la publication de fourchettes salariales aiderait notamment à réduire les écarts entre les sexes. Qui plus est, l'adoption d’une telle politique transparente à l'égard de la rémunération pourrait être avantageuse pour les entreprises, notamment lorsqu’il est question d’attraction et de fidélisation des employés.
Pour examiner plus en détails la question des salaires en France, replongez dans notre étude effectuée en 2021 sur le sujet.